Recueil de citations
ANTIQUITÉ : LA VIOLENCE
Accueil > La violence
Afin de compléter les annales que vous pouvez consulter à tout moment depuis la rubrique SE PREPARER, nous vous proposons un recueil de citations qui complétera vos cours pour l’épreuve de culture générale sur le thème du monde.
Ce recueil de citations ne présume en rien des sujets du concours 2024 à venir.
Lao Tseu, Tao-te-king, XLII, VIe siècle avant J.-C.
« Les hommes violents et inflexibles n’obtiennent pas une mort naturelle. »
Commentaire : Lao Tseu est l’auteur du Livre de la voie et de la vertu (tao-te-king), où il donne 81 préceptes obscurs. Cette citation peut s’interpréter comme une critique de la violence et de la rigidité, deux termes qui s’opposent à) l’équilibre et la souplesse que l’on trouve dans la nature. La violence est une résistance à cette nature, ce qui implique que l’a mort soir précipitée, par un combat ou un accident que le comportement déviant de l’homme a provoqué.
Eschyle, Les Perses, VIe siècle avant J.-C.
« DARIUS : La démesure, en mûrissant, produit l’épi de l’erreur, et la moisson qu’on en lève n’est faite que de larmes. »
Commentaire : Eschyle est avec Sophocle et Euripide, un des trois grands dramaturges grecs, auteur de tragédies. Dans les Perses, Le roi de Perse, Darius, retire avec sagesse cette leçon de la défaite dramatique de son fils Xerxès contre les Grecs. A la raison grecque s’est opposée l’impétuosité du désir perse, qui a été vaincue. La notion d’ « hybris » (ou « démesure ») est au centre de la violence, comme une transgression des limites propres à la nature. La métaphore de l’agriculture permet de se représenter les conséquences désastreuses qu’elle peut avoir autour d’elle.
Sophocle, Antigone, « Prologue », Ve siècle avant J.-C.
« Il est bien des merveilles en ce monde, il n’en est pas de plus grande que l’homme »
Commentaire : Cette célèbre citation de Sophocle s’inscrit dans une réflexino sur les rapports entre l’homme et la nature. Le choeur semble célébrer ici l’ingéniosité humaine, ce qu’il appelle la « métis ». Or le nom « merveilles » traduit l’adjectif grec « deinos », qui signifie à la fois « admirable » et « redoutable ». La violence faite à la nature est la capacité redoutable de l’homme à pouvoir s’en émanciper en la dénaturant.
Platon, La République, « L’anneau de Gygès », Ve siècle av. J.-C.
« Tous les hommes croient que l’injustice leur est beaucoup plus avantageuse individuellement que la justice. »
Commentaire : Platon, philosophe grec, disciple de Socrate, a souvent recours aux mythes dans ses Dialogues. Dans ce récit mythique de l ’anneau de Gygès, un disciple raconte à Socrate comment un berger, après avoir découvert comment se rendre invisible grâce à un anneau, commet les pires injustices. La violence serait ainsi un désir naturel profondément ancré dans la conscience humaine. Néanmoins, Socrate défend la thèse inverse, selon laquelle il est naturellement préférable de subir une injustice plutôt que de la commettre.
Platon, La République, Ve siècle av. J.-C.
« La vieillesse est un état de repos quant aux sens. Lorsque la violence des passions s’est relâchée, on se voit délivré d’une foule de tyrans forcenés. »
Commentaire : Platon, dans son dialogue intitulé La République, se livre à une réflexion sur l’éducation et sur le meilleur mode de gouvernement. La violence est ici associée au désir (epitumia) et aux passions qu’il entraîne, et contre lesquelles la raison(sophrosunè) lutte. La métaphore du tyran (turannos) correspond au modèle politique de Platon, qui fait du philosophe, l’homme de raison, le meilleur gouvernant. Ainsi, la sagesse du vieil homme est estimée préférable à l’inconstance de la jeunesse, que la violence caractérise naturellement.
Ovide, Les Métamorphoses, II, « le mythe de Phaéton »
« Alors, Phaeton voit l’univers tout entier en flammes ; il ne peut supporter une chaleur si violente. »
Commentaire : Le poète latin Ovide retrace dans Les Métamorphoses, une vaste histoire mythologique qui reprend de nombreux mythes grecs. Dans celui de Phaéton, Phaeton a conduit les chars du Soleil, son père Hélios. Ce dernier lui avait promis de faire tout ce qu’il voulait mais le jeune Phaéton, qui a choisi de conduire les chevaux du char de son père, Hélios. Au lieu d’écouter les mises en garde de son père, Phaeton le fait, puis échoue et embrase tout l’univers La violence subie n’est que le reflet d’une autre violence, cette de la désobéissance et de la démesure morale.
Sénèque, Phèdre, (v. 640-644), 1er siècle ap. J.-C.
« La chaleur de l’amour consume mon coeur en délire. Un feu dissimulé dans les entrailles, caché dans les veines, déchaîne sa fureur sauvage au plus profond de mes moelles et circule à travers mes veines, semblable à la flamme rapide courant à travers les lambris. »
Commentaire : Le philosophe Sénèque est aussi l’auteur de tragédies qui ont inspiré nos dramaturges classiques du XVIIe siècle comme Racine. Cette réplique de Phèdre décrit métaphoriquement le « furor », une sorte de passion puissante et violente qui domine la raison et pousse sa victime au crime, c’est-à-dire à la transgression des lois morales et civiques. Phèdre, éperdument amoureuse de son beau-fils Hippolyte, lui avoue dans cette scène son amour, en peignant toute sa violence et sa fatalité.