Recueil de citations
Le XIXe siècle : AIMER
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Afin de compléter les annales que vous pouvez consulter à tout moment depuis la rubrique SE PREPARER, nous vous proposons un recueil de citations qui complétera vos cours pour l’épreuve de culture générale sur le thème d’aimer.
Ce recueil de citations ne présume en rien des sujets du concours 2022 à venir.
Alfred de Musset (1810-1857), La confession d’un enfant du siècle (1836)
« Aimer, c’est se donner corps et âme, c’est faire un seul être de deux. »
Commentaire : Poète phare du romantisme, Musset célèbre ici le lien profond de l’âme et du corps chez celui qui aime. Le sentiment s’enracine dans la sensibilité, les sensations et le corps tout entier. Cette unité est aussi le reflet de l’unité des corps et des âmes qui s’aiment, par leur fusion. Ainsi le mythe de l’androgyne, raconté par Aristophane dans le Banquet de Platon réapparaît : Les âmes sœurs et les corps qui s’aiment retrouvent une unité perdue.
Honoré de Balzac (1799-1850), Les ressources de Quinola, III, 10 (1842)
« Aimer, c’est vivre sous un autre soleil auquel on tremble d’atteindre. »
Commentaire : La métaphore du soleil montre combien l’amour est lié à l’imagination : il nous emporte vers un autre horizon, comme un lieu exotique ou vers une personne différente de nous, qui nous éclaire. Mais la citation mentionne aussi le danger, la peur, le sentiment d’inconfort et d’insécurité qui accompagnent l’amour.
Victor Hugo (1802-1885) , Œuvres complètes (1985)
« Aimer, c’est agir. »
Commentaire : Homme d’action, écrivain engagé dans les conflits sociaux et politiques de son temps, Hugo a voué son œuvre et sa vie politique au miséreux et aux victimes des injustices sociales. Cette phrase résume toute sa vie. Il l’a écrite juste avant sa mort et elle reste un témoignage vibrant de la force du verbe “aimer”.
Victor Hugo (1802-1885), La légende des siècles (1883)
« Aimer, c’est savourer aux bras d’un être cher la quantité de ciel que Dieu a mis dans la chair.»
Commentaire : Cette image associe la sensualité et la ferveur religieuse. Le plaisir charnel récrié par la religion se trouve ici valorisé comme étant juste et en accord avec la volonté de Dieu. Il correspond à un bonheur, un coin de paradis accessible à l’homme, un “ciel” qui lui ouvre des horizons nouveaux.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face (1873-1897), Œuvres complètes (1992)
« Aimer, c’est tout donner. »
Commentaire : Cet extrait d’un poème de Sainte Thérèse résume toute la profondeur de l’amour que l’on peut trouver dans le don de soi, sans limite, sans attente de retour. Donner sa vie, donner tout ce qu’on possède aux autres, ce n’est pas se démunir, c’est au contraire se nourrir l’âme, se libérer des entraves que l’égoïsme et le besoin nous créent.
Arthur Schopenhauer (1788-1860), Le Monde comme volonté et représentation (1819)
« Ni aimer, ni haïr : voilà la moitié de toute sagesse. Ne rien dire et ne rien croire : voilà l’autre. »
Commentaire : Le pessimisme de Schopenhauer transparaît dans ce jugement lapidaire où la vie se résume à un entre-deux sans âme : la sagesse se situe dans une neutralité, loin de tout engagement de l’esprit et du corps. Cette forme de satisfaction s’oppose à toute intensité et toute affirmation du moi et du sentiment qui l’anime.
Henri Lacordaire (1802-1861), Les conférences de Notre-Dame de Paris (1835)
« Aimer, c’est préférer la mort plutôt que de blesser le fond du cœur de celui que l’on aime. »
Commentaire : Cette affirmation associe le sentiment amoureux et la philanthropie. AImer, c’est respecter et ne pas vouloir faire du mal. L’image de la mort montre aussi combien cela est important mais fragile. Blesser l’être aimé peut faire autant de mal, sinon plus, à celui qui aime.
Raymond Brucker (1800-1875), Maria (1841)
« Aimer c’est vivre de la vie des anges ; c’est avoir, par avance, l’intelligence des joies de la promesse évangélique ; c’est recevoir en son âme un rayon de ce feu doux et sacré dont sont animés les élus. L’amour est un grain d’encens qu’il faut brûler pour en parfumer l’infini. »
Commentaire : Cette longue citation décrit en termes religieux la dimension sacrée de l’amour qui dépasse infiniment la conscience que l’homme peut avoir de lui-même et du monde autour de lui. C’est un sentiment qui le relie à une dimension autre, une transcendance et qui reste un privilège.
Henri-Frédéric Amiel (1821-1881), Journal intime, le 22 juillet 1861.
« Aimer, c’est s’unir, vivre côte à côte le meilleur, et combattre ensemble le pire. »
Commentaire : L’amour est ici envisagé non comme un sentiment mais comme le partage d’un parcours de vie dans la durée, avec l’affrontement commun des obstacles qui peuvent survenir et le partage des moments heureux. L’union est ici la force d’un couple, et non un simple rapprochement physique ou affectif.
Henri-Frédéric Amiel (1821-1881), Journal intime, le 22 juillet 1866.
« Aimer, c’est entrer en religion, c’est déposer un ex-voto. »
Commentaire : L’amour est ici présenté en référence à la religion chrétienne. Cette simple phrase s’inscrit dans un journal intime, qui comporte…16847 pages ! Mais elle a une portée immense, car elle rend hommage à l’amour, à sa dimension sacrée et transcendante, et lance un appel aux êtres humains pour en prendre conscience et comprendre que c’est un privilège d’aimer. L’ex-voto est un remerciement posé sur le mur d’un édifice religieux ; C’est un cadeau divin de ressentir et de vivre l’amour.
Hippolyte Taine (1828-1893), Philosophie de l’Art, (1865)
« Aimer, c’est avoir pour but le bonheur d’un autre, se subordonner à lui, s’employer et se dévouer à son bien. »
Commentaire : L’auteur présente une conception plutôt rationnelle de l’amour, comme s’il était voué à un but particulier. Il l’associe à des valeurs de dévouement et de soumission, telles qu’un homme religieux pourrait l’avoir pour son Dieu. Mais il s’agit ici du bonheur de l’autre et non d’une obéissance à un commandement divin.
Charles Baudelaire (1821-1867), Mon cœur mis à nu (1864)
« Ce qu’il y a d’ennuyeux dans l’amour, c’est que c’est un crime où l’on ne peut pas se passer d’un complice. »
Commentaire : Poète maudit, Baudelaire affirme ici avec force un point de vue paradoxale et anticonformiste de l’amour, vu comme une force négative, voire diabolique. Mais ce mal apparent est au cœur de la nature humaine et est à vivre malgré tout avec l’autre. Or la vie à deux est difficile ici et ne procure pas forcément le bonheur. Cette vision réaliste et pessimisme contraste avec l’idéalisme romantique.
Friedrich Nietzsche (1844-1900), Par-delà le Bien et le Mal (1886).
« Ce qu’on fait par amour s’accomplit toujours par-delà le bien et le mal. »
Commentaire : Penseur iconoclaste, Nietzsche veut s’affranchir du manichéisme, l’opposition systématique entre bien et mal, sur lequel s’est construite la morale occidentale. Il affirme ici le niveau de l’amour, supérieur à toute forme de morale. Aimer à une dimension transcendante et existentielle qui n’est pas de l’ordre de la morale.
Friedrich Nietzsche (1844-1900), Ainsi parlait Zarathoustra (1883)
« Ce que je préférerais, c’est d’aimer la terre comme l’aime la lune et de n’effleurer sa beauté que des yeux. »
Commentaire : Dans cet ouvrage, l’homme accompli est celui qui a compris l’amour comme un respect de la beauté du monde, comme un moment d’éternité. L’amour absolu est celui des éléments de la nature et non les tensions qui animent les hommes.
Guy de Maupassant (1850-1893), Notre cœur (1890)
« Aimer beaucoup, comme c’est aimer peu ! On aime, rien de plus. »
Commentaire : Cet écrivain réaliste montre dans ses différentes œuvres les limites de l’amour humain. L’homme se targue souvent de savoir et de pouvoir aimer beaucoup, sans réaliser combien cet amour est peu de chose par rapport à ce que signifie véritablement “aimer”. Le seul verbe suffit. Inutile de lui rajouter des adverbes de quantité.
Sören Kierkegaard (1813-1855), Le Journal du séducteur (1843)
« Qu’aime l’amour ? L’infinité. Que craint l’amour ? Des bornes. »
Commentaire : Le philosophe danois décrit dans cet ouvrage le stade esthétique, celui de la jouissance. L’amour est la réalisation du désir, et porte en lui l’absence de limites. Cette conception proprement romantique associe l’amour à la profondeur de l’âme humaine.