Recueil de citations
XVIIIe siècle: LE MONDE

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Voltaire, Le Mondain, 1736

     Il est bien doux pour mon cœur très immonde

     De voir ici l’abondance à la ronde,

     Mère des arts et des heureux travaux,

     Nous apporter, de sa source féconde,

     Et des besoins et des plaisirs nouveaux.

     L’or de la terre et les trésors de l’onde,

     Leurs habitants et les peuples de l’air,

     Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.

Commentaire : Écrivain frondeur et contestataire, le jeune Arouet définit dans ce poème une foi dans les richesses matérielles et non spirituelles. ll se pose comme immoraliste contre le rigorisme religieux du siècle précédent. Le progrès matériel devient la source des nouvelles valeurs.

Voltaire, Poème sur le tremblement de terre de Lisbonne, 1755

      « Ce monde, ce théâtre et d’orgueil et de terreur,

       Est plein d’infortunés qui parlent de bonheur. »

Commentaire : Dans ce poème, Voltaire, révolté par les maux qui accablent l’humanité constate à la fois le malheur des hommes et leur immoralité. La métaphore théâtrale se retrouve ici pour souligner l’importance du rôle social et de l’hypocrisie collective.

Jean-Jacques Rousseau, Emile ou De l’éducation, 1762

        « Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l’imagination est sans frontières. »

Commentaire : Cette célèbre affirmation de Rousseau valorise l’imagination, critiquée au siècle précédent comme inférieure à la raison. Le monde désigne ici la totalité de ce qui peut être conçu par l’homme sans le contrôle de sa raison.

Voltaire, Candide ou l’Optimisme, 1759

                   « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. »

Commentaire :  Dans ce conte philosophique, Voltaire fait la critique de la doctrine de l’optimisme de Leibniz, tel qu’il est développé dans les Essais de Théodicée de 1710, où il tente d’expliquer l’existence du mal, en faisant la conciliation entre le déterminisme inhérent à la nature et le libre-arbitre de l’homme.

Johann Gottfried von Herder, Idées sur la philosophie de l’histoire de l’humanité, 1791

            « La poésie et la philosophie, l’histoire et la géographie, la philologie, les mathématiques, la chimie et la physique, furent cultivées avec succès par les Arabes ; et bienfaiteurs des peuples qu’ils avaient conquis, soit par leurs découvertes, soit par les idées qu’ils servirent à répandre, leur influence s’est fait sentir au loin dans tout le système du monde civilisé. »

Commentaire : A l’aube du romantisme allemand, Herder fait ici la synthèse de la culture occidentale. Le monde s’est scindé en deux ; le monde civilisé s’oppose au monde barbare. Il affirme ici l’ethnocentrisme qui va se développer au XIXème siècle en en rappelant l’origine historique, avec l’influence de la science arabe.

Jean-Pierre Claris de Florian, Les Fables, 1792

«  Mon enfant, dans ce monde,

                 Lorsqu’on n’est pas aigle ou requin,

                Il faut doucement suivre un petit chemin,

                En nageant près de l’air et volant près de l’onde. »

Commentaire : Héritier de La Fontaine, Florian reprend la tradition des moralistes du siècle précédent, dans cet apologue qui prodigue des conseils pour affronter le monde adulte, vu comme une société de prédateurs.