Recueil de citations
XIXe siècle : LE MONDE
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Afin de compléter les annales que vous pouvez consulter à tout moment depuis la rubrique SE PREPARER, nous vous proposons un recueil de citations qui complétera vos cours pour l’épreuve de culture générale sur le thème du monde.
Ce recueil de citations ne présume en rien des sujets du concours 2023 à venir.
Shopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, 1819
« Le monde apparaît comme le lieu de la satisfaction de nos besoins. Il nous faut prendre dans le monde de quoi vivre. »
Commentaire : Cet essai qui parle du Monde est l’œuvre la plus importante de ce philosophe allemand du début du XIXe siècle. Le Monde y est d’abord vu comme objet d’expérience puis il est vu comme une volonté. L’homme cherche avant tout la satisfaction des besoins.
François-René de Chateaubriand, Oeuvres complètes, 1828
« On habite avec un cœur plein un monde vide, et sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout. »
Commentaire : Ce grand écrivain romantique évoque ici le spleen, c’est-à-dire le “mal du siècle” romantique, ressenti comme une rupture entre l’homme et le monde extérieur. L’Europe détruite par les guerres napoléoniennes est un monde à reconstruire, et qui semble loin des aspirations individuelles.
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Ernest Renan, L’Avenir de la Science, 1848
« La mort d’un Français est un événement dans le monde moral; celle d’un Cosaque n’est guère qu’un fait physiologique : une machine fonctionnait qui ne fonctionne plus. Et quant à la mort d’un sauvage, ce n’est guère un fait plus considérable dans l’ensemble des choses que quand le ressort d’une montre se casse. »
Commentaire : Renan dénonce ici la dévalorisation de la vie humaine dans le domaine politique. Il témoigne qu’une hiérarchie a été établie entre la valeur des individus selon leur appartenance culturelle. Ainsi, le France affiche un sentiment de supériorité par rapport aux autres nations et par rapport aux peuples dits non civilisés. Cette différenciation reflète l’ethnocentrisme occidental de cette époque, et une vision du monde hiérarchisée et divisée, que Lévi-Strauss notamment dénoncera au XXe siècle dans Race et histoire.
Victor HUGO, Les Contemplations, “A celle qui est voilée”, 1856
« Toi, n’es-tu pas, comme moi-même,
Flambeau dans ce monde âpre et vil,
Ame, c’est-à-dire problème,
Et femme, c’est-à-dire exil ? »
Commentaire : Le poète en exil à Jersey se compare ici à cette femme imaginaire, qui représente en particulier le symbole de la création poétique, par la métaphore du “flambeau”. Mage visionnaire investi de la mission d’éclairer le monde, il se donne aussi une perspective moralisatrice. Le monde est ici la société humaine qualifiée d’immorale.
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Baudelaire, Les Fleurs du mal, “Au lecteur”, 1857
« Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;
C’est l’Ennui ! (…) »
Commentaire : Dans le poème liminaire du recueil des Fleurs du Mal, le poète utilise ici une allégorie saisissante pour montrer comment l’ennui domine le monde, c’est-à-dire l’ensemble de l’humanité et des activités auxquelles elle s’emploie. Monstre dévorant, il serait capable de détruire la planète et d’engloutir les consciences.
Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles, 1865
« Mais alors, dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? »
Commentaire : Ce roman fascinant exprime la puissance de l’imagination, mais cette question d’Alice souligne la cohérence de l’imaginaire, et du monde créé, par rapport au monde réel où règne l’incohérence, un chaos qui résulte des passions humaines. L’artiste au contraire peut par son art construire un autre monde ordonné.
Hippolyte Taine, Notes sur Paris, 1867
« Des gens du monde qui vivent pour le plaisir et l’attrapent une fois sur dix, des bourgeois qui courent après sans l’atteindre, des filles et une populace interlope qui le vendent ou le filoutent : voilà Paris. Un seul but : jouir et paraître. »
Commentaire : Le monde en question est ici le beau monde, c’est-à-dire une élite sociale, aristocratique, par opposition à la bourgeoisie et au peuple. L’auteur fait la satire d’une société devenu hédoniste, réunie autour de l’obsession du plaisir et du culte de l’apparence, ce qui provoque un affaiblissement moral des mœurs.
Sully Prudhomme, Impressions de la guerre, 1870
« Je suis citoyen du monde, en tous lieux où la vie abonde, le sol m’est doux et l’homme cher ! […] Mon compatriote, c’est l’homme. »
Commentaire : Cette pensée de Sully-Prudhomme montre le poète sensible à la fraternité humaine. Au-delà du nationalisme, du patriotisme, qui est source de guerre et de division, se dresse le sentiment d’appartenance à l’humanité. A cet égard, le poète se présente comme étant cosmopolite. En ce sens, le monde est un cosmos, un ensemble uni et rationnellement ordonné dans lequel peut se partager ce qui fait le prix de la vie humaine : l’abondance, la vie, la douceur, l’altruisme.
Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, 1873
« La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. »
Commentaire : Poète symboliste, Rimbaud vit en marge de la société de son époque, mercantile, préoccupée de valeurs matérielles. L’homme aspire à épanouir son âme dans un monde bien plus spirituel, bien plus vivant. Le vrai monde n’est pas de ce monde, mais grâce à la subtilité du langage poétique et de l’inspiration, il est possible d’y accéder.
Jules Verne, Le Tour du monde en 80 jours, 1873
« Cette question du Tour du monde fut commentée, discutée, disséquée. »
Commentaire : Le roman de Jules Verne témoigne de l’effort de compréhension de la géographie de la Terre et de l’ambition humaine de la maîtriser. A cette époque scientiste, où se développe une véritable foi dans le progrès scientifique, la question du Tour du monde fascine les esprits.
Friedrich Engels, Socialisme utopique et socialisme scientifique, 1880
« Le socialisme est pour eux tous l’expression de la vérité, de la raison et de la justice absolues, et il suffit qu’on le découvre pour qu’il conquière le monde par la vertu de sa propre force. »
Commentaire : Ce grand ami de Karl Marx, très en avance sur son temps définit ici le socialisme comme un idéal, qui synthétise le besoin d’absolu, au niveau de la connaissance et de la morale, mais un idéal conquérant capable de dominer le monde, c’est-à-dire l’ensemble de la communauté des hommes et des structures politiques.
Nietzsche, Le Gai Savoir, 1882
« Gardons-nous de penser que le monde est un être vivant (…) la condition du monde est, pour toute éternité, le chaos. »
Commentaire : Philosophe iconoclaste, Nietzsche combat les vérités établies et maintenues par une tradition philosophique. Il redonne ainsi une place à l’irrationnel et au désordre, qui ont été depuis l’Antiquité critiqués par rapport à la raison et à l’ordre, ou par rapport à une vision anthropomorphique de la nature.
Guy de Maupassant, Suicides, 1883
« Notre mémoire est un monde plus parfait que l’univers : elle rend la vie à ce qui n’existe plus ! »
Commentaire : Dans cette nouvelle, Maupassant évoque la force de la mémoire humaine. Il oppose ici l’espace matériel, que l’on nomme l’univers, et la dimension spatio-temporel de la mémoire, capable de faire revivre les souvenirs vécus. Le monde subjectif de l’intériorité s’oppose à l’univers objectif extérieur.
Emile Zola, Au bonheur des dames, 1883
« A cette heure , le nombre des rayons était de trente-neuf, et l’on comptait dix-huit cent employés, dont deux cents femmes. Un monde poussait là, dans la vie sonore des hautes nefs métalliques. »
Commentaire : Le romancier naturaliste évoque la société comme un système, et en parle en termes scientifiques, comme on le ferait d’un organisme vivant. Le grand magasin est un vivier, un milieu économique où se développe une foule de comportements humains : l’acheteur, le vendeur, le bonimenteur, le concurrent… Tout cela crée un “monde”.
Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, 1891
« Les livres que le monde juge immoraux sont ceux qui lui tendent le miroir de son ignominie. »
Commentaire : Dans ce livre anticonformiste, l’auteur aborde le thème de l’homosexualité et de la confusion des valeurs. Le monde en question est ici l’ensemble de la société unie autour des mêmes valeurs morales, et prêt à rejeter quiconque ne le partage pas. Il s’agit d’une catégorie sociale, ancrée dans un lieu et un temps précis : la bourgeoisie et l’aristocratie anglaises de l’époque victorienne.