Christianisme antique et Moyen-Age :
IMAGE ET THÉOLOGIE

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L’image est controversée, étant à la fois objet de méfiance et représentation symbolique du divin.

Afin de compléter les annales que vous pouvez consulter à tout moment depuis la rubrique SE PREPARER, nous vous proposons un recueil de citations qui complétera vos cours pour l’épreuve de culture générale sur le thème d’aimer.

Ce recueil de citations ne présume en rien des sujets du concours 2025 à venir.

La Bible

« Dieu créa l’homme à son image. »

Commentaire : Le mot hébreu de l’Ancien Testament désignant l’image dans cet extrait est « celem », qui signifie « effigie. » L’homme n’est pas simplement une pâle copie de dieu, mais son équivalent, il est le garant de la création, et doit se rendre digne de cette place. Cela devient problématique dans le Nouveau Testament, où seul le Christ semble réaliser la perfection divine.

La Bible

« Tu ne feras pas d’image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, en-dessous de la terre. »

Commentaire : Ce commandement, le deuxième des 10, établit le rejet des images, qui sacralisent la création mais font oublier le Créateur. Moïse réagira avec colère quand il surprendra son peuple en train d’adorer un veau d’or.

Saint Augustin, 83 questions diverses, 74.

« L’image entraîne la ressemblance, non l’égalité. Ainsi dans un miroir, il y a image de l’homme, puisqu’elle en est tirée ; il y a aussi forcément ressemblance, mais tout de même pas égalité, car il manque à l’image bien des éléments qui pourtant appartiennent à l’objet dont elle est tirée. »

Commentaire : Saint Augustin distingue la ressemblance (similitudo) et l’égalité (aequalitas). Une image est une représentation déficiente de la chose. Ainsi les hommes peuvent ressembler à leur père, mais ne peuvent être leurs égaux, car la dimension du temps intervient, la divine exception étant le Christ. Les hommes par imitation du Christ, en se tournant  constamment vers Dieu, doivent ainsi tenter de redevenir image de Dieu.

Saint Augustin, La Trinité, 14 (IVe siècle)

« C’est dans l’âme de l’homme, âme raisonnable et intelligente, qu’il faut trouver l’âme du Créateur. »

Commentaire : Saint Augustin distingue l’image artificielle, artisanale, qu’il condamne, comme le fait Platon, l’image naturelle et une troisième forme d’image, une image intellectuelle, mentale. C’est elle qui est spirituelle. Par cette vision que l’homme trouve à l’intérieur de lui-même, il est capable de retrouver l’image de Dieu.

Damascène, Traités contre ceux qui décrient les Saintes images, VIIIe siècle

« Quiconque entreprend de détruire une image fabriquée avec zèle et amour divin pour la gloire et le mémorial du Christ ou de sa mère, ou encore l’un des saints (…) est ennemi du Christ. »

Commentaire : Jean de Damas prend parti contre les iconoclastes, dans a querelle des images qui eut lieu au VIIIe siècle, et contre la destruction des images par Léon III en 727. Il rappelle que ce n’est pas la matière qui est révérée, mais la présence divine qu’elle conduit et manifeste. L’icône est théophanique.

Ibn Arabi, Les Illuminations de la Mecque, 13ème siècle

« Le monde est représentation pure, il n’a pas d’existence substantielle, c’est cela le sens d’Imagination. »

Commentaire : Mystique, ce philosophe arabe soutient que le monde est l’imagination absolue de Dieu. L’homme peut tenter d’y accéder par sa propre imagination, et sa capacité à symboliser. Le mysticisme permet d’approcher cette essence spirituelle du monde qu’est l’imagination de Dieu.

Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne (1536)

« Jamais l’homme ne se meut à adorer les images qu’il n’ait conçu quelque fantaisie charnelle et perverse. »

Commentaire : Dans ce traité de théologie, Calvin présente la doctrine évangélique des protestants. Il prend ici position dans la traditionnelle querelle des images, en ne retenant que le blâme de l’image matérielle incompatible avec la foi de l’âme. Cela montre l’écart au sein du Christianisme entre le Protestantisme et l’Eglise orthodoxe.

Montaigne, Essais, « Avertissement au lecteur » (1580)

« C’est moi que je peins. »

Commentaire : Dans les Essais, Montaigne construit une image de lui-même et de sa vie. La complexité de l’être humain, mélange de corps et d’âme, se heurte à l’écriture. Par les mots, Montaigne construit une œuvre qu’il veut aussi vivante que la nature humaine et donc ouverte à une pluralité d’interprétations possibles.