Antiquité Gréco-romaine :
IMAGE ET VÉRITÉ
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L’image est tantôt sacralisée, tantôt condamnée dans son rapport à la vérité.
Afin de compléter les annales que vous pouvez consulter à tout moment depuis la rubrique SE PREPARER, nous vous proposons un recueil de citations qui complétera vos cours pour l’épreuve de culture générale sur le thème d’aimer.
Ce recueil de citations ne présume en rien des sujets du concours 2025 à venir.
Homère, Iliade, XVIII
« Dieux ! Il y a donc réellement dans les demeures de l’Hadès, une ombre et une image. Seulement il lui manque la vie »
Commentaire : L’âme de Patrocle apparaît ici à son ami Achille. Il tente en vain de al saisir. Cette âme est à la fois une ombre, « psyche », et une image « eidolon ». Elle est décrite comme une représentation fantomatique du corps, une enveloppe, un double, et non un principe vital, « phrénès » ou spirituel qui serait contenu en lui.
Platon, Sophiste, 234c
« L’Etranger : N’est-il pas possible cette fois de réussir aussi à ensorceler les jeunes qui se tiennent encore bien loin de la vérité sur les choses par des paroles introduites à travers leurs oreilles, en leur montrant des images parlées sur tout, de manière à faire croire vrai ce qui est dit et aussi que celui qui le dit est le plus sage de tous sur tout ? »
Commentaire : Platon critique l’image, comme étant opposée à la vérité. Les « images parlées » désignent ici les compositions littéraires qui donnent à voir ce dont elles parlent, sous forme de descriptions avec des mots, ou sous forme de fictions assumées, comme l’Allégorie de la caverne, au livre VII de la République.
Platon, République, VII, « Allégorie de la caverne »
« Représente-toi donc des hommes qui vivent dans une sorte de demeure souterraine en forme de caverne. »
Commentaire : Dans ce dialogue avec Glaucon, Socrate sollicite l’imagination de son interlocuteur en l’inventant à se représenter une image. L’allégorie se présente comme fictive, sans chercher à se faire passer pour la réalité. Platon utilise donc l’image à des fins pédagogiques. Il ne la rejette pas systématiquement, mais dénonce simplement les illusions qui piègent la conscience humaine dans la vie politique et culturelle. L’image est un support de la réflexion et la philosophie consiste bien à apprendre à lire l’image.
Aristote, Sur la mémoire et la réminiscence
« Il n’y a pas de pensée sans image. »
Commentaire : Aristote rejoint Platon en faisant de l’image une étape essentielle de la connaissance. Il précise dans cet ouvrage le fonctionnement de l’imagination. Dans la sensation, la forme de l’objet est saisie et constitue une image quand elle n’est plus liée à l’objet sensible, et appelle la dimension du temps et l’intervention de la mémoire.
Aristote, Poétique, IVe siècle av. J.-C.
« Des objets réels que nous ne pouvons pas regarder sans peine, nous en contemplons avec plaisir l’image la plus fidèle ; c’est le cas des bêtes sauvages les plus repoussantes et des cadavres. »
Commentaire : Dans ce texte, Aristote valorise l’art, l’artifice par rapport à la nature. La qualité du travail poétique, de l’exécution (au sens étymologique de « poiesis », création, fabrication) peut rendre beau ce qui est naturellement laid. L’image artistique a donc une valeur, contrairement à Platon.
Lucrèce, De la nature, Ier siècle av. J.-C.
« Je dis que les choses envoient de leur surface des effigies, formes ténues d’elles-mêmes, des membranes en quelque sorte ou des écorces, puisque l’image revêt l’aspect, la forme exacte de n’importe quel corps dont, vagabonde, elle émane. »
Commentaire : L’image est donc matérielle et vraie pour l’épicurisme, dont Lucrèce est le porte-parole dans ce vaste poème philosophique. Ces effigies sont une reproduction matérielle L’auteur prend soin de les définir concrètement, par des images, en parlant de « membranes », d’ « écorces », pour que leur exactitude soit bien établie. Les illusions d’optique ne viendraient que d’altérations dues au parcours de ces effigies dans l’air et à la distance parcourue.
Plotin, Traité 31, « Sur le beau intelligible », IIIe siècle
« Les arts ne se bornent pas à imiter ce que l’on voit, mais sont à la poursuite des raisons dont est faite la nature. »
Commentaire : Alors que Platon condamnait l’art d’imitation, le philosophe néoplatonicien, Plotin, valorise l’image. L’image artistique ne se contente pas de copier simplement la réalité sensible, elle transmet au spectateur des traces des Idées, une vérité.